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18h : Conférence grand public de Didier Merle : De Paris sous la mer à une île nommée Inde : un voyage dans le temps de 50 millions d’années.

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Retrospective
Didier Merle
18h : Conférence grand public de Didier Merle : De Paris sous la mer à une île nommée Inde : un voyage dans le temps de 50 millions d’années.
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Il y a 50 millions d’années, les dinosaures avaient disparu depuis longtemps, mais le monde était encore bien différent celui que nous connaissons. Nous sommes à l’Éocène. Un grand Océan, la Téthys, permet une communication entre l’Atlantique et le Pacifique ; la plaque Indo-pakistanaise rejoint lentement l’Asie. C’est une grande île. À l’Éocène, la communication entre les océans est encore facile et fait le trait d’union entre le bassin de Paris et la plaque Indo-pakistanaise. C’est dans ce contexte globalement chaud qu’évoluent les faunes marines de cette époque.

Pour le bassin de Paris, deux aspects provenant de recherches récentes soulignent son intérêt scientifique. 1) un point-chaud de la biodiversité datant de l’Éocène moyen. La richesse en espèces de coquillages dépasse de beaucoup celle d’autres régions du monde. Cela fait de ce bassin une des régions les plus riches en espèces de coquillages fossiles. 2) Des patrons de coloration des coquilles fossiles sont préservés en masse. Ce phénomène de conservation exceptionnelle permet d’observer les motifs colorés de nombreuses espèces fossiles. On peut ainsi connaître leurs variations. Cette découverte représente un formidable outil pour aborder le concept d’espèce chez les mollusques et mieux comprendre leur évolution dans le temps.

Dans la Province du Sindh (Pakistan), le Ranikot Group, qui affleure largement dans l’arc de Karachi, correspond à des dépôts marins littoraux de la transition Paléocène/Éocène (env. 55 Ma). Cette région constitue une clé pour connaître la biodiversité à l’extrême Est de la Téthys. Les faunes du Ranikot Group furent signalées et récoltées par les anciens auteurs au début du siècle dernier. Mais ultérieurement aucune recherche n’a été entreprise. Depuis 2010, une équipe du MNHN travaille sur le Ranikot Group. Les résultats les plus spectaculaires des missions 2010, 2011 et 2012 concernent les faunes de coquillages. En effet, plusieurs niveaux ont livré des assemblages très riches en mollusques avec environ 80 espèces inédites. Dès maintenant, il est possible d’affirmer que cette richesse traduit l’existence d’un autre point chaud de la biodiversité fossile, mais c’est fois-ci placée à la l’Est de la Téthys.

Didier Merle

Maître de Conférences au Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) de Paris, Didier Merle étudie l’évolution des faunes de mollusques de l’ère Cénozoïque. Ses recherches paléontologiques portent sur la reconstitution des paléoécosystèmes dans l’Éocène du Bassin de Paris et sur l’évolution des motifs colorés des coquiilages au cours du temps. Au sein du Centre de recherche sur la paléodiversité et les paléoenvironnements (UMR 7207 CR2P), il est responsable, avec Sylvain Charbonnier (MNHN), d’une équipe chargée d’examiner des aspects exceptionnels et cryptiques de la paléodiversité. Auteur de nombreuses publications scientifiques, il est directeur-adjoint du Centre de recherche sur la paléodiversité et les paléoenvironnements (UMR 7207 du CNRS) et responsable de la revue Geodiversitas (MNHN).