La découverte du premier « homme préhistorique »
ou l’affaire de Moulin Quignon (1863).
Les confidences d’une mâchoire
Conférence d’Arnaud Hurel
Ingénieur de recherche au Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN, Paris)
Samedi 2 août 2014 à 18h au Cinéma du Casino de Villers-sur-Mer
En 1863, la préhistoire est encore une science jeune et en plein développement. Cette année-là, Jacques Boucher de Perthes met au jour une mandibule possiblement humaine dans un niveau archéologique profond de la carrière de Moulin-Quignon à Abbeville.
La découverte de la mâchoire de Moulin-Quignon est alors la première découverte des restes osseux de l’homme fossile qui aurait été l’artisan des industries antédiluviennes des terrasses de la Somme. Elle devait parachever la démonstration de la haute antiquité de l’Homme consacrée en 1859 à Amiens.
Pourtant, cette fois, la commission scientifique internationale chargée de l’étude du site et des pièces va arriver à des conclusions diamétralement opposées. Savants français et britanniques s’opposent pendant plusieurs mois. Les Anglais contestent l’antiquité de la mâchoire et des artefacts et soupçonnent une supercherie menée par les ouvriers de la carrière. Les doutes l’emportant, le gisement et ossements fossiles sont disqualifiés aux yeux d’une partie de la communauté scientifique. La presse grand public et la littérature s’emparent de l’affaire et tournent en dérision la rivalité franco-anglaise.
Tombée dans l’oubli depuis 150 ans, la mâchoire de Moulin Quignon est l’objet depuis 2012 d’une nouvelle étude menée par des chercheurs du Muséum national d’histoire naturelle.
Arnaud Hurel est historien (docteur en histoire contemporaine), ingénieur de recherche au département de préhistoire du Muséum national d’Histoire naturelle (UMR 7194). Ses travaux portent sur l’histoire des sciences aux XIXe et XXe siècles, et spécialement les sciences préhistoriques, dans une perspective sociale, institutionnelle, patrimoniale, politique et juridique. Il est l’auteur d’articles scientifiques et de plusieurs livres, dont récemment L’abbé Breuil. Un préhistorien dans le siècle (CNRS éditions, 2011) et, en collaboration avec Noël Coye, Dans l’épaisseur du temps. Archéologues et géologues inventent la préhistoire (Publications scientifiques du Muséum, 2011). Arnaud Hurel est par ailleurs vice-président de la section d’histoire des sciences du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS).